Basile face aux Autorités (d'après le Synaxaire) :
Sous l'empereur Valens (lui-même arien), une grande partie de l'Église était tombée dans l'hérésie arienne. Dès son installation sur le siège de Césarée (en Cappadoce), le Métropolite Basile se prépara au combat en affermissant la foi orthodoxe et en réglant la discipline de son clergé et de ses évêques suffragants. Voyant que la métropole de Césarée s'élevait, seule avec celle d'Alexandrie, comme une tour fortifiée contre ses entreprises, Valens décida de s'y rendre en personne et envoya devant lui le préfet Modeste pour soumettre l'intrépide évêque. Après avoir vainement essayé d'attirer Basile par des promesses et des paroles flatteuses, le préfet le menaça de confiscation de ses biens, d'exil, de tortures de toutes sortes et de la mort.
« Cherche d'autres menaces à me faire, répondit le saint d'un ton assuré, car il n'y a rien là qui m'atteigne. En vérité, un homme qui n'a rien ne craint point la confiscation, à moins que tu ne tiennes à ces méchants haillons que voilà et à quelques livres : ce sont là tous les biens que je possède. Quant à l'exil, je n'en connais point, puisque je ne suis attaché à aucun lieu ; celui que j'habite n'est pas à moi et je me regarde comme chez moi dans quelque lieu qu'on me relègue ; ou plutôt, je regarde toute la terre comme étant à Dieu et je me considère comme étranger quelque part que je sois. Pour les supplices, où les appliqueras-tu ? je n'ai pas un corps capable d'en supporter. (...) Quant à la mort, je la recevrai comme une faveur, car elle me conduira plus tôt vers Dieu pour qui je vis, pour qui j'agis, pour qui je suis plus qu'à demi-mort et vers qui je soupire depuis longtemps ».
Stupéfait et désarmé, le préfet confessa qu'il n'avait jamais entendu de telles paroles.
« C'est que tu n'as jamais eu affaire à un évêque », reprit Basile.
Guéri ensuite d'une maladie par la prière du saint, Modeste devint son ami et son admirateur empressé.
Basile commente le Psaumes 1 :
« Heureux l'homme qui n'a pas été au conseil des impies (Ps 1,1). Celui qui est heureux, au sens propre et en tout premier, c'est Celui qui est véritablement le Bien. C'est Dieu. C'est pourquoi Paul, faisant mention du Christ, dit : Selon la manifestation du Dieu bienheureux et notre Sauveur, Jésus-Christ (Tt 2, 13). Car il est heureux en son être, Celui qui est bon en lui-même, vers qui tous regardent, que tous désirent, Nature immuable, Dignité royale, Vie tranquille, Existence sans chagrin, lui en qui il n'y a pas d'altération, que nul changement ne touche : Source jaillissante, Grâce surabondante, Trésor inépuisable !
Les hommes ignorants et amis du monde, qui ne connaissent pas la nature du Bien lui-même, se réjouissent souvent de choses sans valeur : richesses, santé, confort. Aucune d'elles n'est bonne par sa propre nature : non seulement elles se transforment facilement en leur contraire, mais elles ne sauraient rendre bons ceux qui les possèdent. Qui, en effet, est juste du fait de ses richesses ? Qui est sage par sa santé ? Bien au contraire, leur usage conduit souvent au péché ceux qui s'en servent mal. Heureux donc celui qui acquiert ce qui est digne d'une plus grande considération : il a part à des biens qu'on ne peut enlever. »
Basile commente le Psaumes 32 :
« Exultez, justes, dans le Seigneur, aux hommes droits sied la louange ! (Ps 32, 1) Un cri d'exultation se rencontre souvent dans l'Écriture, manifestant, chez les hommes généreux, l'état d'une âme très gaie et pleine de joie. Exultez donc, justes, dans le Seigneur !, non parce que tout va bien chez vous, non parce que votre corps se porte bien, non parce que vos champs ont rapporté des fruits de toutes espèces, mais parce que vous possédez le Seigneur, lui qui est si beau, si bon, si sage. Que vous suffise cette joie qui vient de lui. Aussi convient-il que celui qui, plein de joie et d'allégresse, se complaît en quelque bien qu'il poursuit avec empressement, se réjouisse de la sorte en lui.
Par suite, ce verset exhorte les justes à prendre conscience de leur dignité : avoir été trouvés dignes d'être les serviteurs d'un tel Maître, et à se glorifier de le servir, pleins d'une joie ineffable, en bondissant, comme si leur cœur s'élançait dans un transport d'amour pour le Dieu bon.
Si parfois une sorte de lumière, tombant sur ton cœur, y fait naître une connaissance globale de Dieu, si elle illumine ton âme de sorte que tu aimes Dieu et qu'à l'inverse tu fasses peu de cas du monde et de toutes les choses matérielles, par cette image obscure et brève, comprends l'état plénier des justes qui prennent en Dieu leur bonheur d'une manière continue et ininterrompue. Sur toi, cette joie tombe alors rarement, selon le dessein de Dieu, pour que par cette petite saveur tu sois ramené au souvenir de ce dont tu es privé. Mais pour le juste, ce bonheur divin et céleste est durable, car en lui habite une fois pour toutes l'Esprit. Or le premier fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie et la paix (Ga 5, 22). Exultez donc, justes, dans le Seigneur ! Le Seigneur des justes est comme un lieu capable de les contenir : il est donc normal que celui qui est en lui soit plein de courage et se réjouisse. Le juste devient aussi un lieu pour le Seigneur, quand il le reçoit en lui. Mais celui qui pèche cède la place au diable, n'écoutant pas la parole : Ne cédez pas la place au diable (Ep 4, 27), ni celle de l'Ecclésiaste : Si l'Esprit de celui qui détient le pouvoir s'élève contre toi, ne quitte pas ta place (Qo 10, 4).
Nous qui sommes dans le Seigneur, et, autant que nous en sommes capables, regardons ses merveilles, amassons ainsi de la joie dans nos cœurs par cette contemplation. Aux cœurs droits sied la louange (Ps 32, 1). Comme un pied tordu ne peut s'adapter à une chaussure droite, de même la louange de Dieu ne convient pas aux cœurs tortueux. »