La chorale de notre paroisse a donné deux concerts de chant orthodoxe :
- le dimanche 24 novembre 2013 à 16 h au château de Lunéville (dans le cadre d'un cycle de conférences-concerts organisés par le groupe interreligieux de Lunéville) ;
- le dimanche 26 janvier 2014 à 16 h à l'église Saint-Eucaire à Metz (dans le cadre de la semaine de prière pour l'unité des chrétiens).
Voir sur cette page le programme détaillé
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Quelques caractéristiques du chant liturgique orthodoxe
L'une des caractéristiques du chant liturgique orthodoxe est qu'il ne comporte pas d'accompagnement par des instruments : il est purement vocal (a capella).
Le chant est l'union d'un texte et d'une mélodie. Les deux sont intimement liés, mais c'est le contenu du texte qui est premier, la mélodie doit être à son service. Il s'agit d'exprimer toute la force du texte en le faisant porter par une mélodie appropriée.
L'hymnographie byzantine s'est constituée au fil des siècles, avec une production importante autour des 8e et 9e siècles. Les textes ont été composés en grec (le grec byzantin, différent du grec classique ancien, ainsi que du grec parlé moderne). Ils ont été ensuite traduits fidèlement en slavon (langue constituée au 9e siècle, à partir de laquelle les différentes langues slaves ont été formées : russe, ukrainien, serbe, bulgare…). Aujourd'hui, ils sont traduits dans différentes langues modernes, y compris en français.
La traduction en slavon a permis au génie musical slave de s'exprimer de manière créative, tout en restant parfaitement fidèle à la tradition byzantine.
Aujourd'hui, en schématisant, il existe donc deux grands styles de musique liturgique orthodoxe : le style grec, proprement byzantin, et le style slave. Ainsi, bien que les offices et tous les textes soient les mêmes, la différence de climat sonore vous donnera l'impression d'être dans une ambiance différente selon que vous allez dans une église d'expression grecque ou dans une église d'expression russe.
Dans la tradition byzantine, qui est monophonique, le texte est chanté par un unique chanteur, le protopsalte (premier chanteur), tandis que les autres chanteurs l'accompagnent le plus souvent en ison (ou bourdon), ou parfois aussi à l'unisson.
Quant au chant slave, depuis le 18e siècle, il est largement devenu polyphonique (le plus classique est le chant à 4 voix). Il est plus facile pour une oreille occidentale.
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Qui sommes-nous ?
Nous sommes le chœur de la paroisse orthodoxe des Trois-Saints-Hiérarques Basile-le-Grand, Grégoire-le-Théologien et Jean-Chrysostome, installée dans la chapelle annexe de l'église Saint-Eucaire à Metz. Nous avons l'habitude de chanter dans le cadre de nos offices. Nous chantons principalement en français, et un peu en slavon, sur les mélodies slaves.
Nous ne sommes pas des professionnels. Nous n'avons pas vocation à nous produire en dehors de nos offices, et nous ne le faisons que très exceptionnellement. Sortis de ce cadre, il y a plusieurs difficultés :
- Première difficulté : notre chant est très intimement lié à la prière et à l'action liturgique. Les offices mettent en scène les événements du salut, ils les actualisent et nous y font participer mystiquement. En plus du chant, ils font intervenir aussi les gestes, les prosternations, les signes de croix, les processions, les icônes, les cierges, l'encens… Il manque donc ici tout le contexte de la prière et de l'action liturgique. Nous espérons malgré tout installer un climat de prière.
- Deuxième difficulté : nous sommes conscients des imperfections de notre interprétation. Si nous avons décidé de sortir de notre chapelle pour nous exposer en public, c'est parce que nous sommes convaincus que nos offices sont beaux, d'une beauté qui ne vient pas de notre qualité d'interprètes, mais de la façon dont ils ont été composés dans la prière et en vue de la prière. Beauté qui vient de la prière et du contenu-même de notre foi.
Avec nous, vous n'entendrez pas les voix russes puissantes, capables de jouer sur deux ou trois octaves, et qui font la renommée des chorales professionnelles venant de Moscou, de Saint Petersburg, de Minsk… Musicalement, c'est évidemment très beau. L'inconvénient, pour un public qui ne comprend pas le slavon, est de ne pas rendre compte du lien intrinsèque entre la musique et les paroles.
C'est ce lien, qui nous parait essentiel, que nous nous proposons de vous faire découvrir. Même des russophones, qui ne comprennent pas forcément le slavon, sont parfois étonnés de pouvoir comprendre lorsque nous chantons en français.
Le but n'est pas de montrer une virtuosité que nous n'avons pas. Certes, nous accordons une grande importance à la qualité liturgique du chant, car elle est déterminante pour porter la prière. Mais pour nous, cette qualité liturgique implique justement une certaine sobriété dans l'interprétation. C'est pourquoi nous privilégions les mélodies traditionnelles, qui sont généralement assez simples.
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Contenu des chants
Le contenu de nos chants (et de nos prières en général) est très biblique, avec une large place faite aux psaumes, comme vous pourrez le constater.
Il est aussi très théologique. Il exprime les données de la foi et les dogmes : Celui qui est né de Marie en tant qu'homme est le Dieu engendré par le Père avant tous les siècles. Celui qui est mort pour nous sur la Croix est le Créateur du ciel et de la terre, et Il nous a donné la vie éternelle en ressuscitant le troisième jour… Nos chants sont remplis de ce genre d'affirmations dogmatiques.
Le chant fait plus que confesser la foi et porter notre prière. D'une certaine manière, il nous donne l'expérience de ce que nous proclamons. Il nous introduit dans le monde du divin, nous fait goûter le monde transfiguré. Certes, les mots de nos prières sont de ce monde, les sons de nos mélodies sont des réalités terrestres, en eux-mêmes ils sont insuffisants pour exprimer les mystères divins mais, par le miracle de la foi, ils se font le véhicule des réalités célestes. De même que les icônes, le chant liturgique doit avoir la capacité de nous communiquer les réalités mystérieuses de la foi (réalités mystérieuses, mais pas irrationnelles). C'est par la foi que cette ouverture sur les mystères peut se faire.
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Le programme
(voir à part le programme détaillé)
Notre programme est intitulé : La Vigile et la Liturgie des dimanches et des fêtes.
Nous avons voulu donner une importance particulière à la Vigile , car c'est là que se déploie toute la richesse de l'hymnographie byzantine.
La Vigile est célébrée la veille au soir des dimanches et des fêtes. A l'origine, cet office durait une grande partie de la nuit. Il s'agit d'une sorte de mise en scène du grand mystère de l'histoire du salut : l'histoire de la Création vue comme un seul jour, selon le verset de la Genèse : « Il y eut un soir et il y eut un matin : jour Un, jour unique. » Le thème des ténèbres et de la Lumière est central. La Création commence le soir, dans toute sa beauté. Puis vient la chute, la nuit du péché, le temps du repentir, puis l'avènement du Soleil de justice, la Résurrection du Christ, la victoire de la Lumière sur les ténèbres, de la vie sur la mort.
Dans une première partie de notre programme, nous présenterons quelques chants fixes qui jalonnent cette Vigile.
La deuxième partie donnera quelques exemples de chants variables du cycle de l'année liturgique, en particulier de la Semaine Sainte et de Pâques.
Les chants de la troisième partie sont tirés de la Liturgie (eucharistique), qui est le centre de la vie chrétienne.
Nous demandons d'avance votre indulgence pour nos imperfections. Nous espérons qu'elles n'empêcheront pas de vous faire partager quelque chose de notre foi.